L’Avril est revenu
Je n’ai jamais commis de crime,
On ne m’a pas assassiné.
Mon remords fut imaginé,
Et mon cœur saigne pour la rime.
Jeune, on aime à parler trépas.
Byron, Musset, l’exemple tente.
Sais-tu de quoi l’âme est contente ?
De montrer qu’elle ne l’est pas.
…
Mais ces choses-là n’ont qu’un jour.
Sourire est bon. La vie est belle.
On se lasse d’être rebelle
A la clémence de l’amour.
L’heureux ciel d’été qui flamboie
N’a pas honte de ses rayons ;
Si nous sommes joyeux, ayons
Le courage de notre joie.
Je suis le passant ingénu,
Celui qui soupire et qui chante
Parce que l’épine est méchante
Et que l’avril est revenu.
Extrait du poème « Finale »
Source : « Pantéleïa » de Catulle Mendès, Dentu & Cie, Éditeurs (Libraires de la Société des Gens de Lettres) Paris, 1887