En quête de l’amour
Par une absurde erreur, je t’ai quittée, un jour,
Je désirais aller jusqu’au bout du monde,
Avide de trouver et d’étreindre l’amour,
Et d’y puiser enfin une ivresse profonde.
En vain je l’ai cherché, l’amour, par tout chemin ;
J’en mendiai partout l’aumône, en grande peine,
Devant toutes les portes j’ai tendu la main, –
Mais l’on ne m’a donné que froid sarcasme et haine.
Ainsi j’errai longtemps en quête de l’amour,
De l’amour introuvé, de l’amour introuvable ;
Puis, vers toi, je revins, harassé, lamentable ;
Ce qu’en tes yeux alors j’ai soudain entrevu,
Quand tu m’ouvris tes bras, ô tendresse ineffable !
C’était le doux amour si longtemps méconnu.
Henri Heine
Traduit de l’allemand par Mlle A. Ponchont
Source : « Poèmes d’Outre-Rhin », traduits par A. Ponchont, Henri Didier – Éditeur, 4 rue de la Sorbonne, mars 1939