Il n’est pas de rose assez tendre
Sur la palette du Printemps,
Madame, pour oser prétendre
Lutter contre vos dix-sept ans.
La peau vaut mieux que le pétale,
Et le sang pur d’un noble coeur
Qui sur la jeunesse s’étale
De toutes les roses est vainqueur !
Théophile Gautier
Extrait de « Émaux et Camées »
illustration : tableau de William James Glackens « Julia’s Sister »
Quoi ! vous, gloire, auréole, éblouissement, grâce,
Vous qui ne passez pas, vous craignez ce qui passe ?
..
Vous jalouse ! de qui ? Vous, troublée ! et pourquoi ?
Le jour sans nuit, c’est vous ; l’amour sans fin, c’est toi.
..
Sois calme en ton azur. Que t’importe, à toi, flamme,
Clarté, splendeur, toujours présente comme une âme,
À toi l’enchantement de l’abîme vermeil,
Faite pour le baiser éternel du soleil,
Qu’un rayon en passant sur une fleur se pose ?
L’étoile au fond des cieux n’a pas peur de la rose.
Victor Hugo
Source : « Œuvres poétiques complètes » Edito-Service SA, Genève
Belle épousée, j’aime tes pleurs !
C’est la rosée qui sied aux fleurs.
Les belles choses n’ont qu’un printemps,
Semons de roses, les pas du Temps !
Soit brune ou blonde ; faut-il choisir ?
Le Dieu du monde, c’est le Plaisir.
Gérard de Nerval
Source : « Poésies », Gérard de Nerval, Union Générale d’Editions, 1964