Quitter ce monde-ci ? Mais pour quel avenir ?
Cette existence de l’au-delà, quelle est-elle ?
Je voudrais m’en aller. Mais serait-ce en finir ?
Mon emmerdeuse d’âme est peut-être immortelle.
Tristan Bernard
Ceux qui ne m’aiment pas ne me connaissent pas,
Il leur importe peu que je meure ou je vive,
Et je me sens petite au monde, si furtive !…
Mais de mon propre vin je m’enivre tout bas ;
Je m’aime et me connais. Je suis avec mon âge
De force et de clarté, comme avec un amant.
Le vent doux des jardins me flatte le visage :
Je me sens immortelle, indubitablement ».
Lucy Delarue-Mardrus
photographie de Lucy Delarue-Mardrus
Quoi ! vous, gloire, auréole, éblouissement, grâce,
Vous qui ne passez pas, vous craignez ce qui passe ?
..
Vous jalouse ! de qui ? Vous, troublée ! et pourquoi ?
Le jour sans nuit, c’est vous ; l’amour sans fin, c’est toi.
..
Sois calme en ton azur. Que t’importe, à toi, flamme,
Clarté, splendeur, toujours présente comme une âme,
À toi l’enchantement de l’abîme vermeil,
Faite pour le baiser éternel du soleil,
Qu’un rayon en passant sur une fleur se pose ?
L’étoile au fond des cieux n’a pas peur de la rose.
Victor Hugo
Source : « Œuvres poétiques complètes » Edito-Service SA, Genève