Lucie Delarue-Mardrus (Honfleur 1874 – Château-Gontier 1945) est injustement absente des Anthologies de la Poésie Française.
Inexistante dans les rayons de « Poésie » des grandes librairies, elle mérite d’être ressuscitée ou tout au moins mentionnée.
On ne peut que déplorer qu’aucun éditeur ne se soit risqué de publier son œuvre complète.
Lorsque les libraires des grandes éditions se targuent de mettre en vente des œuvres médiocres ou incompréhensibles de poètes étrangers (mal traduits de surcroît), on peut se demander si le vent du mondialisme ne nous a pas par trop abêtis.
La poétesse, journaliste, romancière, Lucie Delarue-Mardrus se doit de figurer au panthéon de la poésie française.
Citation de Lucie Delarue-Mardrus :
» Écrire proprement sa langue est une des formes du patriotisme «
Nulle ivresse ne m’est venue
D’avoir fréquenté les humains,
Étonnés par mon âme nue,
Ils ne me tendent pas les mains.[..]
…
Je mêlais ma jeunesse à la douceur des choses,
Quand le vent frissonnait dans les lilas voisins
Et qu’au soleil, ainsi que d’étranges raisins,
Vos marronniers fleuris portaient des grappes roses.[..]
Ceux qui ne m’aiment pas ne me connaissent pas,
Il leur importe peu que je meure ou je vive,
Et je me sens petite au monde, si furtive !…
Mais de mon propre vin je m’enivre tout bas ;[..]
Je n’ai pu contenter mon âme inassouvie
Avec toute la vie.
Je n’ai pu contenter mon corps inapaisé
Avec tout le baiser.
Le désir éternel qui gémit dans mon être
N’a pas trouvé son maître.
Et rien ne fera taire en mon âme et mon corps
La voix qui crie : Encore ! .. Encore ! …
Lucie Dalarue-Mardrus
Source : « Nos secrètes amours », ErosOnyx Éditions, 2008
Combien de fois, ainsi, l’automne, rousse et verte
Me vit-elle au milieu du soleil et, debout,
Manger, les yeux fermés, la pomme rebondie
De tes prés, copieuse et forte Normandie ! …
Ah ! je ne guérirai jamais de mon pays.
N’est-il pas la douceur des feuillages cueillis
Dans leur fraîcheur, la paix et toute l’innocence ?
Et qui donc a jamais guéri de son enfance ?
Lucie Delarue-Mardrus :Extrait de « L’odeur de mon pays », recueil « Ferveur »