Les vers sont enfants de la lyre ;
Il faut les chanter, non les lire.
J’aime surtout les vers, cette langue immortelle,
C’est peut-être un blasphème, et je le dis tout bas ;
Moi je l’aime à la rage. Elle a cela pour elle
Que les sots d’aucun temps n’en ont pu faire cas.
Qu’elle nous vient de Dieu, qu’elle est limpide et belle,
Que le monde l’entend et ne la parle pas.
Les vers sont le parler des anges et de Dieu,
La prose, des humains. Le poète au milieu
S’élevant jusqu’au ciel, tout repu d’ambroisie
En ce langage écrit sa belle poésie.
Heureux qui, dans ses vers, sait d’une voix légère
Passer du grave au doux, du plaisant au sévère !