Je connais gens de toute sorte
Ils n’égalent pas leurs destins,
Indécis comme feuilles mortes
Leurs yeux sont des feux mal éteints,
Leurs cœurs bougent comme leurs portes.
Guillaume Apollinaire
Fragment de poème.
Je possède, en mes doigts subtils, le sens du monde,
Car le toucher pénètre ainsi que fait la voix ;
L’harmonie et le songe et la douleur profonde
Frémissent longuement sur le bout de mes doigts.
Ils ont connu la peau subtile de la femme,
Et ses frissons cruels et ses parfums sournois,
Chair des choses ! J’ai cru parfois étreindre une âme
Avec le frôlement prolongé de mes doigts.
Renée Vivien
photographie de Clifford Coffin « Glamour », juillet 1951
Comme de nos jours tout le monde est pressé
Dans cette petite forme je me suis lancée.
Barbara Botton
Pierre qui, durant sa jeunesse,
Fut un renommé savetier,
Est fière de sa richesse
Et honteux de son vieux métier.
Muses, n’en déplaise aux grands hommes
Que vous montrez à l’univers :
Il vaut mieux, au siècle où nous sommes,
Faire des bottes que des vers.
François Maynard
L’univers m’embarrasse et je ne puis songer
Que cette horloge existe et n’ait point d’horloger.
Voltaire
source : « Les Cabales » v. 111-112