par admin
Campanule
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Je suis le vent qui roule, et je m’entends bruire
Parmi le vol agile et bleu des libellules ;
Au visage des eaux, j’ai vu mes yeux reluire
Et mon sang a teinté les roses campanules,
Pendant que de la sève en moi se coagule.
Je parle avec l’écho et vogue à l’unisson
Des traînantes rumeurs que le bois dissimule,
Et je m’épanouis aux primes floraisons.
(Extrait du poème « Printemps »)
source : « Anthologie des poètes français contemporains » B. Walch, Paris Ch. Delagrave Éditeur, 1906
Catégorie:
DAUGUET Marie
5 septembre 2014 à 15 h 00 min
Spring
All vain desire with every thought expires,
And my life erased, uncertain, declining,
For here, pouring, what around me sighs
Spring, singing ocean accumulating.
The immense love shudders in each molecule,
Bursts, and cracks, and climbs, and breaks the walls,
Eternal soothing flux whose power flows
By my heart warmed at the first blooms.
I fled out of myself, effused in his laughter,
As a happy slave away from a life sentence.
Honeysuckles have embraced their spirals
The hazel are flowering. – The pollen oozes and burns,
Of golden honey sifting corollas and capsules;
Of hidden swarming lurking under the bushes,
Where the kissing confuses and the secret structures
Of the loving beast at the first blooms.
I am the wind that rolls, and I hear myself whispering
Among the agile flight and the dragonflies’ blue;
At the face of waters, I have seen my eyes shine,
And my blood has stained the bellflower roses,
While the sap in me coagulates.
I speak with echo and wave in unison
Of dragging noises that the wood hides,
And I flourish at the first blooms.
Printemps
Tout vain désir avec toute pensée expire,
Et ma vie effacée, incertaine, recule,
Car voici, déverse, qu’autour de moi soupire
Le printemps, océan chantant qui s’accumule.
L’immense amour frémit en chaque molécule,
Eclate, et craque, et monte, et brise les cloisons,
Eternel flux berceur dont la force circule
De mon cœur attiédi aux primes floraisons.
J’ai fui hors de moi-même, épanché dans son rire,
Comme un esclave heureux loin de son ergastule.
Les chèvrefeuilles ont enlacé de leurs spires
Les coudriers fleuris. — Le pollen suinte et brûle,
De miel doré criblant corolles et capsules ;
Des grouillements cachés rôdent sous les buissons,
Ou le baiser confus et secret s’articule
De la bête amoureuse aux primes floraisons.
Je suis le vent qui roule, et je m’entends bruire
Parmi le vol agile et bleu des libellules ;
Au visage des eaux, j’ai vu mes yeux reluire,
Et mon sang a teinté les roses campanules,
Pendant que de la sève en moi se coagule.
Je parle avec l’écho et vogue à l’unisson
Des traînantes rumeurs que le bois dissimule,
Et je m’épanouis aux primes floraisons.