par admin
Lilas blanc
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DESBORDES-VALMORE Marceline
Va, mon âme, au-dessus de la foule qui passe,
Ainsi qu’un libre oiseau te baigner dans l’espace.
Va voir ! et ne reviens qu’après avoir touché
Le rêve… mon beau rêve à la terre caché.
Moi, je veux du silence, il y va de ma vie ;
Et je m’enferme où rien, plus rien ne m’a suivie ;
Et de son nid étroit d’où nul sanglot ne sort,
J’entends courir le siècle à côté de mon sort.
Le siècle qui s’enfuit grondant devant nos portes,
Entraînant dans son cours, comme des algues mortes,
Les noms ensanglantés, les vœux, les vains serments,
Les bouquets purs, noués de noms doux et charmants
Marceline Desbordes-Valmore
Extrait de « Poésies » Éditions Gallimard, 1983 .
J’étais à toi peut-être avant de t’avoir vu.
Ma vie, en se formant, fut promise à la tienne,
Ton nom m’en avertit par un trouble imprévu,
Ton âme s’y cachait pour éveiller la mienne.
Je l’entendis un jour et je perdis la voix,
Je l’écoutai longtemps, j’oubliai de répondre.
Mon être avec le tien venait de se confondre,
Je crus qu’on m’appelait pour la première fois.
Marceline Desbordes-Valmore
Quand je me sens mourir du poids de ma pensée,
Quand sur moi tout mon sort assemble sa rigueur,
D’un courage inutile affranchie et lassée,
Je me sauve avec toi dans le fond de mon cœur !
Je ne sais ; mais je crois qu’à tes regrets rendue,
Dans ces seuls entretiens tu m’as bien entendue.
Tu ne dis pas : « Ce soir ! » Tu ne dis pas : « Demain ! »
Non ! mais tu dis : « Toujours ! » en pleurant sur ma main…
Marceline Desbordes-Valmore