Comme elles tombent bien !
Dans ce trajet si court de la branche à la terre,
Comme elles savent mettre une beauté dernière,
Et malgré leur terreur de pourrir sur le sol,
Veulent que cette chute ait la grâce d’un vol !
Edmond Rostand
L’étang dont le soleil chauffe la somnolence
Est fleuri, ce matin, de beaux nénuphars blancs ;
Les uns, sortis de l’eau, se dressent tout tremblants,
Et dans l’air parfumé leur tige se balance.
D’autres n’ont encore pu fièrement émerger :
Mais leur fleur vient sourire à la surface lisse.
On les voit remuer doucement et nager :
L’eau frissonnante affleure aux bords de leur calice.
D’autres, plus loin encore du moment de surgir
Au soleil, ont leur fleur entière recouverte …
On peut les voir, bercés d’un remous sur l’eau verte :
Écrasés par son poids, ils semblent s’élargir.
…
Ainsi sont mes pensées dans leur floraison lente,
Il en est d’achevés, sans plus rien d’hésitant,
Complètement éclos, comme, sur cet étang,
Les nénuphars bercés par la brise indolente.
Edmond Rostand
(extrait du poème « Les Nénuphars »)
Je t’aime, je suis fou, je n’en peux plus, c’est trop,
Ton nom est dans mon cœur comme dans un grelot,
Et comme tout le temps, Roxane, je frissonne,
Tout le temps, le grelot s’agite et le nom sonne !
Edmond Rostand