par admin
Rossignol : une voix emplumée
… Où la forêt est la plus sombre,
Regardez la Sirène des bois :
Le Rossignol, qui n’est que voix,
Son corps faisant à peine une ombre ;
Regardez cet atome sonnant,
Qui va toujours s’entretenant
De sa douleur accoutumée ;
Ce petit oiseau désolé
N’est plus qu’une voix emplumée,
Un son volant, un chant ailé.
Quelle chose délicieuse,
D’entendre tant divers accords,
Qui ne partent, au lieu d’un corps,
Que d’une plume harmonieuse ;
Il hausse, il baisse, il se soutient
Le mignard rêveur s’entretient
Du déplaisir qui le consume ;
Mais bien qu’il soit chantre savant,
Sous un léger habit de plume,
Ce n’est rien qu’un souffle vivant …
Georges de Scudéry
Source : « Anthologie de la poésie baroque française », Jean Rousset, édition Arman Colin, Paris 1968
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