Pour apprécier son livre, il faut le lire
et pour le lire, il ne faut pas s’endormir.
Voyez-vous, ma chère, au siècle où nous sommes,
La plupart des hommes sont très inconstants.
Sur deux amoureux pleins d’un zèle extrême,
La moitié vous aime pour passer le temps.
J’ai suivi les conseils d’une triste sagesse,
Je suis donc sage enfin ; je n’ai plus de maîtresse.
Sois satisfait, mon cœur, sur un si noble appui
Tu vas dormir en paix dans ton sublime ennui.
Quel dégoût vient saisir mon âme consternée,
Seule dans elle-même, hélas ! emprisonnée ?
André Chénier