Combien j’ai douce souvenance
Du joli lieu de ma naissance …
Ma sœur, qu’ils étaient beaux, les jours de France ! …
O, mon pays, sois mes amours,
Toujours …
[..]
Pourquoi les frontières pour la nation ?
Et pourquoi tu fermes à clé ta maison ?
Français je suis, je m’en vante,
Et très haut, très clair, très fort,
Je le redis et le chante.
Oui, je suis Français d’abord.[..]
Un pays n’est pas une entreprise.
L’homme n’est pas un objet ni marchandise.
Combien de fois, ainsi, l’automne, rousse et verte
Me vit-elle au milieu du soleil et, debout,
Manger, les yeux fermés, la pomme rebondie
De tes prés, copieuse et forte Normandie ! …
Ah ! je ne guérirai jamais de mon pays.
N’est-il pas la douceur des feuillages cueillis
Dans leur fraîcheur, la paix et toute l’innocence ?
Et qui donc a jamais guéri de son enfance ?
Lucie Delarue-Mardrus :Extrait de « L’odeur de mon pays », recueil « Ferveur »