Avec le raisonnement du « en-même temps »
on creuse un trou financier exorbitant.
Barbara Botton
…
Trop aveugles humains, quelle erreur vous enivre !
Vous n’avez qu’un instant pour penser et pour vivre,
Et cet instant qui fuit est pour vous un fardeau !
Avare de ses biens, prodigue de son être,
Dès qu’il peut se connaître,
L’homme appelle la mort et creuse son tombeau.
…
Abjurez, ô mortels, cette erreur insensée !
L’homme vit par son âme, et l’âme est la pensée.
C’est elle qui pour vous doit mesurer le Temps !
Cultivez la sagesse ; apprenez l’art suprême
De vivre avec soi-même ;
Vous pourrez sans effroi compter tous vos instants.
…
Ô Temps, suspends ton vol, respecte ma jeunesse ;
Que ma mère, longtemps témoin de ma tendresse,
Reçoive les tributs de respect et d’amour ;
Et vous, Gloire, Vertu, déesses immortelles,
Que vos brillantes ailes
Sur mes cheveux blanchis se reposent un jour.
Antoine Léonard Thomas
Source : Suzanne Julliard « Anthologie de la poésie française », Éditions de Fallois, 2002
Ponce-Denis ÉCOUCHARD-LEBRUN, dit Lebrun Pindare :
Je pense ..
Je pense : ma pensée atteste plus un dieu
Que tout le firmament et ses globes de feu.
L’amour et la sagesse
Ne cherchons point un vain détour
Pour excuser notre faiblesse :
Les premiers soupirs de l’amour
Sont les derniers de la sagesse.
Contre Monsieur La Harpe
Non, La Harpe au serpent n’a jamais ressemblé :
Le serpent siffle, et La Harpe est sifflé.
Au médecin Bouvard
Puisqu’il faut qu’on m’expédie,
J’aime autant, docte assassin,
Mourir de la maladie
Que mourir d’un médecin
Quand ce soir tu t’endormiras
Loin de moi, pour ta triste nuit,
En songe pose sur mon bras
Ton beau col alourdi d’ennui.
Jette vers moi ce qui t’encombre,
Défais-toi des mornes pensées,
Je les ramasserai dans l’ombre
Comme une glaneuse insensée,
Ivre d’amour, et qui dénombre
Des roses, des lys, des pensées …
Anne de Noailles
Titre original du poème « LXII » du recueil « Poème de l’amour »