Nature au coeur profond sur qui les cieux reposent,
Nul n’aura comme moi si chaudement aimé
La lumière des jours et la douceur des choses […]
Mon cœur, plein de douceur et plein d’étonnement,
Cessez de vous mêler à la foule des hommes,
Leurs cris passent vos sens et votre entendement ;
Demeurons l’être simple et tendre que nous sommes …[..]
Quand ce soir tu t’endormiras
Loin de moi, pour ta triste nuit,
En songe pose sur mon bras
Ton beau col alourdi d’ennui.[..]
Je n’ai pas écrit par raison,
Ni pour fuir un destin obscur,[..]
Je ne fais pas cas de ta gratitude,
Bien que dans mon cœur mourant, étonné,
Grâce à toi l’air rentre avec plénitude ;
Mais j’avais besoin de tout te donner !
Anne de Noailles
Extrait de « Poème de l’Amour », Comtesse de Noailles, Arthème Fayard & Cie, Éditeurs, 1924