Combien je regrette mon bras si dodu,
Ma jambe bien faite et .. le temps perdu !
Béranger
Le temps va et vient et vire
Par jours, par mois et par ans,
Et moi, las ! je ne sais que dire
Toujours même est mon désir,
Mon désir sans changement,
J’aime la même, encore autant,
Dont jamais je n’eus plaisir.
Elle n’en perd point le rire,
À moi revient dol et dam (*),
À ce jeu qu’elle m’inspire
Deux fois je suis le perdant,
Il est bien perdu, l’amour,
Qui se donne à l’insensible,
S’il ne touche à sa cible.
(extrait d’une chanson)
Bernard de Ventadour
(*) douleur et peine
Le temps, aux plus belles choses
Se plaît à faire un affront,
Et saura faner vos roses
Comme il a ridé mon front.
Pierre Corneille
J’ai une montre en métal
qu’aucune autre n’égale.
Elle se hâte en languissant,
son cœur bat, persévérant.
Ses aiguilles et le temps
sont en conflit constant.
Elle marche, je tarde peu ou prou,
elle s’arrête et moi, je m’en fous.
Je l’observe sans énervement
avancer ou retarder indolemment !
Je tiens à ma montre, elle passe son temps
à me tromper si bien sur le temps …
choisi et interprété par l’auteur du site, Barbara Botton
Cette traduction originale, due à Barbara Botton, relève du droit de la propriété intellectuelle.
Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.
source : « La Poésie Arabe, des origines à nos jours », René R. Khawam, Éditions PHÉBUS, 1995
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours, faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous le pont de nos bras passe,
Des éternels regards, l’onde si lasse
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L’amour s’en va comme cette eau courante
L’amour s’en va, comme la vie est lente
Et comme l’espérance est violente
…………………………………………………………
Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
Guillaume Apollinaire