Jouissance
Aujourd’hui, dans tes bras j’ai demeuré pâmée,
Aujourd’hui, cher Thibaud*, ton amoureuse ardeur
Triomphe impunément de toute ma pudeur
Et je cède aux transports dont mon âme est charmée.
Ta flamme et ton respect m’ont enfin désarmée ;
Dans nos embrassements, je mets tout mon bonheur
Et je ne connais plus de vertu ni d’honneur
Puisque j’aime Thibaud et que j’en suis aimée.
Ô vous, faibles esprits, qui ne connaissez pas
Les plaisirs les plus doux que l’on goûte ici-bas,
Apprenez les transports dont mon âme est ravie !
Une douce langueur m’ôte le sentiment,
Je meurs entre les bras de mon fidèle Amant,
Et c’est dans cette mort que je trouve la vie.
*Dans l’original « Tirsis » ; Tirsis est un nom typique de bergers de pastorales ; prénom aujourd’hui inusité, peu compréhensible ou évocateur pour les non-initiés de la littérature