par admin
Le Baiser
Mon âme sur ma lèvre était lors toute entière
Pour savourer le miel qui sur la vôtre était.
Mais, en me retirant, elle resta derrière
Tant de ce doux plaisir l’amorce l’arrêtait.
S’égarant de ma bouche, elle entra dans la vôtre,
Ivre de ce nectar qui charmait ma raison ;
Et sans doute elle prit une porte pour l’autre
Ne se souvenant plus quelle était sa maison.
Mes pleurs n’ont pu depuis fléchir cette infidèle
À quitter un séjour qu’elle trouva si doux ;
Et je suis en langueur, sans repos et sans elle,
Et sans moi-même aussi, lorsque je suis sans vous.
Vincent Voiture
Source : « L’Amour parle », Claude Roy, Le Club Français du Livre, Paris, 1963
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