XCV (Tant que je suis vivant)
Non ! ce n’est pas encor la nuit et le silence !
Je ne peux vivre ainsi, tant que je suis vivant.
Du trou de mon volet toujours un rais s’élance.
Cette poussière d’or, c’est le soleil levant.
Ce bruissement doux qui passe sur les plaines,
C’est le vol du nuage aux caresses du vent.
Comme lui, je frisonne à ces tièdes haleines.
J’ai beau me faire aveugle et sourd, j’entends, je vois :
De dansantes clartés mes ténèbres sont pleines,
Et dans mon cœur muet voici monter des voix.
Jean Richepin
Source : Jean Richepin « Mes Paradis », G. Charpentier et E. Fasquelle, Éditeurs, 11 rue de Grenelle, Paris, 1894
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