Ne laissons pas aux marchés, à l’argent,
faire la loi pour régenter les gens !
Barbara Botton
Qu’elle est belle la terre, avec ses vols d’oiseaux
Qu’on entrevoit soudain à la vitre de l’air,
Avec tous ses poissons à la vitre de l’eau !
La peur les force vite à chercher un couvert
Et l’homme reste seul derrière le rideau.
Qu’elle est belle, la terre, avec ses animaux,
Avec sa cargaison de grâce et de mystère !
Le poète se tient à la vitre des mots.
Cette beauté qu’il chante, il la donne à son frère
Qui se lave les yeux dans le matin nouveau.
Aujourd’hui, ces cérémonies ont quelque chose de dément,
fêtées avec le pays qui relance la course aux armements.
Barbara Botton
Il ne faut pas tout le temps le bon champ labourer,
Il faut que reposer quelquefois on le laisse
Car quand le champ se repose et qu’on l’engraisse
On en peut, puis après, double fruit retirer.
Laissez donc votre peuple en ce point respirer
Et faites cesser les charges qui le pressent
Afin qu’il prenne haleine et s’allège et redresse
Pour mieux, une autre fois, ces charges endurer.
Ce qu’on doit à César, Sire, il faut le lui rendre.
Mais plus qu’on ne lui doit, il ne faut pas lui prendre.
Veuillez donc désormais au peuple retrancher
Ce que plus qu’il ne doit sur son dos il supporte
Et ne permettez plus qu’on le mange de la sorte
Car, Sire, il faut le tondre et non pas écorcher.
Olivier de Magny
(1ère moitié du XVIème siècle)
Ô mon amour, je tiens parmi les hommes
Ton nom sellé mais ne chante que toi
Comme sous l’herbe une source chatoie
Que sans jamais te nommer je ne nomme
Que toi en tout ce qui tient nom de moi
Rends-moi présent que je cesse d’attendre
Ce qui m’entoure en attente de moi
Donne à mon œil d’être humble envers mes doigts
Pour que je prenne ici, au lieu de tendre
Filet troué, le regard au-delà
Que de mes mains je modèle un langage
Souffle pétri qui m’engouffre et m’accroît
Plus s’ouvre un cœur plus il est à l’étroit
Ainsi du monde où lève ton image
Qui le nourrit en l’affamant de toi
Pierre Emmanuel