Vaincre le jour, vaincre la nuit
Vaincre le temps qui colle à moi,
Tout ce silence, tout ce bruit,
Ma faim, mon destin, mon horrible froid.
Vaincre ce cœur, le mettre à nu
Écraser ce corps plein de fables
Pour le plonger dans l’inconnu,
Dans l’insensible, dans l’impénétrable.
Briser enfin, jeter au noir
Des égouts, ces vieilles idoles,
Convertir la haine en espoir,
En de saintes les mauvaises paroles.
Mais mon temps n’est-il pas perdu ?
Tu m’as pris tout le sang, Paris.
À ton cou je suis ce pendu,
Ce libertaire qui pleure et qui rit.
Robert Desnos
Ah Terre ! qu’il fait bon naître sur ton vaisseau
Vivre sur tes rivages.
Nos corps sont ta substance et tes flancs nos berceaux,
La vie est ton ouvrage.
Les cieux aux larges ondes te portent toute ronde
Autour du clair soleil, en présence des mondes.
Ô Patrie ! vieille terre où nous chantons ce soir,
Tu nous défends des nuits sans lunes et des cieux noirs ;
Ô Terre ! Ah qu’il fait bon naître sur tes rivages
Et vivre avec ardeur les plaisirs de chaque âge.
Robert Desnos
Pourquoi suivre la propagande antirusse des Américains
puisque penser par soi-même est la grande affaire de chacun ?
Barbara Botton