Les mots inutiles
Les mots sont usés jusqu’à la corde
On voit le jour au travers
Et l’ombre des années mortes
Hante le vocabulaire
Par la main emmène-moi hors des lieux communs
Et ôte-moi de l’idée
Que tu ne peux t’exprimer
Que par des clichés
Dans mes rêves tu ne parlais pas
Simplement tu prenais mon bras
Et tu voyais à mon sourire
Qu’il n’était rien besoin de dire
Il vaut mieux laisser au poète
Le soin de faire des pirouettes
C’est très joli, oui, dans les livres
Mais tous ces mots dont tu t’enivres
Ces mots sont usés jusqu’à la corde
On voit le jour au travers
Et l’ombre des années mortes
Hante le vocabulaire
…
Les mots d’esprit laissent incrédule
Car le cœur est trop animal
Mieux qu’apostrophe et point-virgule
Il a compris le point final
Serge Gainsboug
Source : Serge Gainsbourg « Dernières nouvelles des étoiles », Édition LIBRAIRIE PLON, 1994.