par admin
Me sentant faible
Me sentant faible et seul au monde et misérable,
Cette nuit, j’ai broyé ma plume entre mes doigts,
Et sangloté longtemps le front contre la table,
Les poings crispés, buvant mes pleurs, mordant le bois.
Puis mon cœur a crevé d’un rire âcre et farouche ;
Et j’ai puisé, dans l’âtre éteint comme ma foi,
De la cendre, et, l’ayant mâchée à pleine bouche,
Je l’ai trouvée encore moins amère que moi.
Charles Guérin
Source : « Le Semeur de Cendres » Mercure de France, 1909 (MCMIX)
Tableau de Gustave Courbet « Un homme désespéré »
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GUÉRIN Charles