Baise-moi encore, rebaise-moi et baise,
Donne m’en un de tes plus savoureux,
Donne m’en un de tes plus amoureux,
Je t’en rendrai quatre plus chauds que braise.
Las, te plains-tu ? Çà, que ce mal j’apaise
En t’en donnant dix autres doucereux.
Ainsi mêlant nos baisers tant heureux,
Jouissons-nous l’un de l’autre à notre aise.
Louise Labé
Extrait du sonnet XVIII.
Je vis, je meurs, je me brûle et me noie,
J’ai chaud extrême en endurant froidure,
La vie m’est trop molle et trop dure,
J’ai grands ennuis entremêlés de joie.
Tout à coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j’endure,
Mon bien s’en va, et à jamais il dure.
En même temps je sèche et je verdoie.
Louise Labé
Extrait du sonnet.