Tout se tait. Mon cœur seul parle dans le silence.
La voix de l’univers, c’est mon intelligence.
Alphonse de Lamartine
Emblème de la nuit, ta fleur rougeâtre et sombre,
Géranium, attend la nuit pour embaumer.
Ton parfum hait le jour et se répand dans l’ombre.
Oh ! dites, dites-moi, vous qui savez aimer,
Dieu, comme cette fleur, n’a-t-il pas fait votre âme ?
N’est-il pas vrai qu’à ceux dont le cœur est de flamme
Le monde et la clarté sont toujours importuns ?
Et n’est-ce pas la nuit, et sous l’œil solitaire
De la lune voilée, amante du mystère,
Que l’amour doit sur nous épancher ses parfums ?
Lamartine
Borné dans sa nature, infini dans ses vœux,
L’homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux !
Soit que, déshérité de son antique gloire,
De ses destins perdus il garde la mémoire ;
Soit que de ses désirs l’immense profondeur
Lui présage de loin sa future grandeur.
Imparfait ou déchu, l’homme est le grand mystère.
Dans la prison de sens enchaîné sur la terre,
Esclave, il sent un cœur né pour la liberté ;
Malheureux, il aspire à la félicité ;
Il veut sonder le monde, et son œil est débile ;
Il veut aimer toujours : ce qu’il aime est fragile !
Alphonse de Lamartine
Extrait de : « Méditations poétiques »
Parle-moi, que ta voix me touche !
Chaque parole sur ta bouche
Est un écho mélodieux.
Quand ta voix meurt dans mon oreille,
Mon âme résonne et s’éveille,
Comme un temple à la voix des dieux.
Alphonse de Lamartine
Extrait des « Méditations poétiques », Édition et Librairie Henri Beziat, 1936
…
Cueillez-moi ce pavot sauvage
Qui croît à l’ombre de ces blés ;
On dit qu’il en coule un breuvage
Qui ferme les yeux accablés.
J’ai trop veillé ; mon âme est lasse
De ces rêves qu’un rêve chasse.
Que me veux-tu printemps vermeil ?
Loin de moi ces lis et ces roses !
Que faut-il aux paupières closes ?
La fleur qui garde le sommeil !
Alphonse de Lamartine