J’ai ma tristesse dans ma chair et ma joie dans les livres.
Celui-ci s’est ouvert pour que j’y trouve un droit de vivre
plus acceptable que mon dû. Je me nourris de fables
et de malentendus. Je ne sais pas si mes semblables
comprennent que mon seul bonheur est dans l’imaginaire.
Mon esprit, qui a peur, se sentira toujours prospère
dans la pénombre et l’inconnu où soudain s’organise
un monde revenu de la raison, de ses hantises,
de ses fracas. J’ai mes tourments en marge de mon être :
dans mon verbe qui ment, il m’est loisible de renaître
car je m’abstiens de décider si je meurs ou végète.
Ni vif ni décédé, découvrirais-je un exégète ?
Selon l’humeur de l’écriture, dans mon corps tout est faux,
et mon poème dure comme le pas du girafeau,
le soleil qui verdit, le gel qui brise la logique.
J’entends dans l’irréel une promesse de musique.
Alain Bosquet
Au fond du vin se cache une âme !
Pierrot, dans le cristal vermeil
Verse-moi la liqueur de flamme :
C’est le printemps, c’est le soleil !
Elle enivre notre souffrance
Sur cette terre où nous passons !
Amis ! vivent les vins de France
Et le délire des chansons !
Avec leur parure choisie,
Avec leurs beaux fronts empourprés,
La Musique et la Poésie
Sortiront de ces flots sacrés.
La joie et la blonde Espérance
Les versent à leurs nourrissons !
Amis ! vivent les vins de France
Et le délire des chansons !
Théodore de Banville
Quand le califat interdit la musique
il a des relents visiblement diaboliques.
Barbara Botton