Dans le crépuscule fané
Où plusieurs amours se bousculent
Ton souvenir gît enchaîné
Loin de nos ombres qui reculent
Ô mains qu’enchaîne la mémoire
Et brûlantes comme un bûcher
Où le dernier des phénix, noire
Perfection, vient se jucher
La chaîne s’use maille à maille
Ton souvenir riant de nous
S’enfuit .. l’entends-tu qui nous raille
Et je retombe à tes genoux
Je ne sais pas si le soleil est pour mon ombre
Où s’il est pour les fruits
Je t’inscris sur du feu, plus haut que mes décombres
Aux sources de la nuit
Luc Bérimont
Source : « Poésies complètes », tome III, Presses Universitaires d’Angers, 2009
Où te trouverai-je ? Au bout de quelle route sombre
Ton corps interdit sent-il l’étreinte de mon rêve ?
Dans quel océan tes yeux de feu voient-ils mon Ombre
Qui cherche à tâtons l’Amour fuyant, de grève en grève ?
Je sais ta tristesse et tes brûlants désirs sans nombre ;
Tu vis quelque part ton existence amère et brève.
Où te trouverai-je ? Au bout de quelle route sombre
Ton corps interdit sent-il l’étreinte de mon rêve ?
Pendant que mes doigts frôlent le cœur fuyant du Nombre,
Tâchant d’allonger le crépuscule qui s’achève,
Dans quel océan tes yeux de feu voient-ils mon Ombre
Qui pleure à jamais l’Amour perdu, de grève en grève ?
Armand Godoy
source : « Anthologie de l’œuvre poétique de Armand Godoy », Éditions Bernard Grasset, 1960
Combien de fois j’ai subi vos courroux,
Combien de fois j’ai bravé vos regards sombres,
Mais en marchant, Madame, auprès de vous,
Combien de fois j’ai mêlé nos deux ombres !
Vincent Muselli
(source : « Poèmes », de Vincent Muselli, édités par Jean-Renard, 1943)
illustration: tableau de Rafal Olbinski