J’ai l’âme lasse du destin
et je ne veux plus voir le monde
qu’à travers le voile divin
de tes pâles cheveux de blonde.[..]
Comment oublier le pli lourd
De tes belles hanches sereines,
L’ivoire de ta chair où court
Un frémissement bleu de veines ?[..]
Je viens de bien plus loin que tu ne saurais croire ;
J’ai connu la faim morne et j’ai connu la gloire ;
J’ai vu des fleuves lents et des flots irrités
Glacer les jours d’hiver ou bercer les étés ;
Je sais, hélas, que ce que je fais
Fait rire les autres ou leur déplait.
Combien de fois j’ai honte, j’ai rougi
De mes errements, de mes rêveries
Même si tout ici-bas s’achève,
Ce qui plaît au monde est un rêve.
Il me souvient d’un jour que l’oiseau gazouillait
Derrière un contrevent par où filtrait l’aurore.
Je rêvais sur ton sein et j’y rêvait d’œillet,
Dans un sommeil profond et cependant sonore.[..]