Ceux qui sous-estiment la poésie
sous-estiment le sens de la vie.
Barbara Botton
Est-il rien de plus vain qu’un songe mensonger,
Un songe passager vagabond et muable ?
La vie est toutefois au songe comparable
Au songe vagabond muable et passager.
Est-il rien de plus vain que l’ombrage léger
L’ombrage remuant, inconstant et peu stable ?
La vie est toutefois à l’ombrage semblable
A l’ombrage tremblant sous l’arbre d’un verger …
(extrait du sonnet)
Jean-Baptiste Chassignet
Source « Anthologie de la poésie baroque française », Jean Rousset, édition Armand Colin, 1968
Tableau de José de Ribera « Le rêve de Jacob »
Barbara Botton
fresque représentant Alexandre le Grand et son cheval, Bucéphale
Maman ! pourquoi te chercherais-je ?
N’es-tu pas tout mon horizon ?
L’arbre chanteur qui me protège ?
Le lierre, l’âme et la raison ?
Tu fus mon lait, ma pêche mure,
La fleur vivante, au bleu du vent,
Le premier mot dans un murmure,
Mon appel et mon cri fervent.
Tu fus mes yeux, tu fus mes rondes
Le rendez-vous de mes bonheurs,
Le bouclier d’impulsives frondes,
Le calice où tu bus mes pleurs.
Tu sais émerveiller mes songes,
Tisser le lin rose des jours.
Mon plaisir, tes mains le prolongent.
Tu m’enfantes, sans fin, dans le sang de l’amour.
Je ne sais plus quoi faire de cet amour
aujourd’hui, quand tu n’es plus là ;
comme l’été dernier parti pour toujours,
de ton absence, le silence s’installa.
Moi, je pense maintenant avec tes mots
qui, frémissant dans l’air, parcourent les mers,
reflètent le soleil en murmures de l’eau,
pour que mon amour atteigne l’univers.
Barbara Botton