Hélas ! le temps sont loin des phlox incarnadins
Et des roses d’orgueil illuminant ses portes,
Mais, si fané soit-il et si flétri – qu’importe ! –
Je l’aime encore de tout mon cœur, notre jardin.
Sa détresse parfois m’est plus chère et plus douce
Que ne m’était sa joie aux jours brûlants d’été ;
Oh ! le dernier parfum lentement éventé
Par sa dernière fleur sur ses dernières mousses !
Émile Verhaeren
« Les heures du soir »
Dès le matin, par mes grand’routes coutumières
Qui traversent champs et vergers,
Je suis parti clair et léger,
Le corps enveloppé de vent et de lumière.
[.. ]
J’aime mes yeux, mes bras, mes mains, ma chair, mon torse
Et mes cheveux amples et blonds
Et je voudrais, par mes poumons,
Boire l’espace entier pour en gonfler ma force.
(extrait)
Emile Verhaeren
« Les Forces tumultueuses », 1902
Oh ces larges beaux jours dont les matins flamboient !
La terre ardente et fière est plus superbe encore
Et la vie éveillée est d’un parfum si fort
Que tout l’être s’en grise et bondit vers la joie.
J’existe en tout ce qui m’entoure et me pénètre.
Gazons épais, sentiers perdus, massifs de hêtres,
Eau lucide que nulle ombre ne vient ternir,
Vous devenez moi-même étant mon souvenir.
Émile Verhaeren
Extrait.
Sur la Ville, dont les désirs flamboient,
Règnent, sans qu’on les voie,
Mais évidentes, les idées.
Emile Verhaeren