Terres absconses
Il y a quelques jours, j’ai fait un rêve affreux
J’étais un Vrai poète, et sur un papier jaune
J’écrivais en Vrais Vers un morceau long d’une aune
Avec de l’encre rose .. et voici cinq d’entre eux :
« Galbe au tréfonds des sources blêmes ..
Col des preux
Contemnant rupicole en l’ogive du faune aigre,
Vers le néant du geste, ainsi des aunes force dardée …
Calmons les matins ténébreux … »
En moi sourd le lyripipion des ontogones ! …
Et mon réveil sonna. J’avais vu la gorgone
En face, et je suais comme sole au gratin.
Maintenant, j’ai compris comme font les poètes
Ils s’endorment sitôt que la nuit est complète
Et ne remontent jamais leur réveil-matin.
Boris Vian
« Cent sonnets », Christian Bourgois Éditeur 1984