Comme il font la promotion de la guerre,
Ils choisissent un candidat qui doit plaire.
Barbara Botton
Dans ton beau roman pastoral
Avec tes moutons pêle-mêle,
Sur un ton bien doux, bien moral
Berger, bergère, auteur, tout bêle.
Puis berger, auteur, lecteur, chien,
S’endorment de moutonnerie.
Pour réveiller ta bergerie,
Oh ! qu’un petit loup viendrait bien !
Ah ! loin des fiers combats, loin d’un luxe imposteur,
Heureux l’homme des champs, s’il ne connaît son bonheur !
Fidèle à ses besoins, à ses travaux docile,
La terre lui fournit un aliment facile.
Sans doute, il ne voit pas, au retour du soleil,
De leur patron superbe adorant le réveil,
Sous les lambris pompeux de ses toits magnifiques,
Des flots d’adulateurs inonder ses portiques.
Il ne voit pas le peuple y dévorer des yeux
De riches tapis d’or, des vases précieux.
..
Il n’a point tous ces arts qui trompent notre ennui ;
Mais que lui manque-t-il ? La nature est à lui,
Des grottes, des étangs, une claire fontaine
Dont l’onde, en murmurant, l’endort sous un vieux chêne ;
Un troupeau qui mugit, des vallons, des forêts :
Ce sont là ses trésors, ce sont là ses palais.
C’est dans les champs qu’on trouve une mâle jeunesse ;
C’est là qu’on sert les dieux, qu’on chérit la vieillesse ;
La justice, fuyant nos coupables climats,
Sous le chaume innocent porta ses derniers pas.
VIRGILE
Traduit par l’Abbé Jacques DELILLE
Extrait de « Georgiques » (Travaux de la terre), Livre II
Source : « Nouveau cours de Littérature Romaine » par Edouard Mennechet, Garnier Frères, Libraires Éditeurs, Paris, 1867
Nature au cœur profond sur qui les cieux reposent,
Nul n’aura comme moi si chaudement aimé
La lumière des jours et la douceur des choses,
L’eau luisante et la terre où la vie a germé.
La forêt, les étangs et les plaines fécondes
Ont plus touché mes yeux que les regards humains,
Je me suis appuyée à la beauté du monde
Et j’ai tenu l’odeur des saisons dans mes mains.
Ruisseau peu connu dont l’eau coule
Dans un lieu sauvage et couvert,
Oui, comme toi, je crains la foule,
Comme toi, j’aime le désert.
Ruisseau, sur ma peine passée
Fais rouler l’oubli des douleurs,
Et ne laisse dans ma pensée
Que la paix, tes flots et tes fleurs.
Près de toi l’âme recueillie
Ne sait plus s’il est des pervers ;
Ton flot pour la mélancolie
Se plaît à murmurer des vers.
Source : « Anthologie des écrivains français du XVIII siècles » Gauthier-Ferrière, Edité par Bibliothèque Larousse, 13-17 rue Montparnasse, Paris, 1920