Goya, cauchemar plein de choses inconnues,
De fœtus qu’on fait cuire au milieu des sabbats,
De vieilles au miroir et d’enfants toutes nues,
Pour tenter les démons ajustant bien leur bas.
Charles Baudelaire
Sur la peinture de Francisco Goya
Elle puait comme une fleur moisie,
Moi, je lui dis (mais avec courtoisie) :
« Vous devriez prendre un bain régulier
Pour dissiper ce parfum de bélier »
Que me répond cette jeune hébétée ?
« Je ne suis pas, moi, de vous dégoûtée ! »
– Ici pourtant on lave le trottoir
Et le parquet avec un savon noir !
Charles Baudelaire
La Belgique se croit toute pleine d’appas ;
Elle dort. Voyageur, ne la réveillez pas.
Joseph Delorme a découvert
Un ruisseau si clair et si vert
Qu’il donne aux malheureux l’envie
D’y terminer leur triste vie.
Je sais un moyen de guérir
De cette passion malsaine
Ceux qui veulent ainsi périr :
Menez-les au bord de la Senne !
Charles Baudelaire
Ce ne seront jamais ces beautés de vignettes,
Produits avariés, nés d’un siècle vaurien,
Ces pieds à brodequins, ces doigts à castagnettes,
Qui sauront satisfaire un coeur comme le mien.
Je laisse à Gavarni, poète des chloroses,
Son troupeau gazouillant de beautés d’hôpital,
Car je ne puis trouver parmi ces pâles roses
Une fleur qui ressemble à mon rouge idéal.
Charles Baudelaire