À une femme
…
Tu n’as jamais été, dans tes jours les plus rares,
Qu’un banal instrument sous mon archet vainqueur,
Et, comme un air qui sonne au bois creux des guitares,
J’ai fait chanter mon rêve au vide de ton cœur.
S’il fut sublime et doux, ce n’est point ton affaire !
Je peux le dire au monde et ne te pas nommer :
Pour tirer du néant sa splendeur éphémère,
Il m’a suffi de croire, il m’a suffi d’aimer.
Et maintenant, adieu ! suis ton chemin, je passe !
Poudre d’un blanc discret les rougeurs de ton front.
Le banquet est fini quand j’ai vidé ma tasse ;
S’il reste encore du vin, les laquais le boiront !
Louis Bouilhet
Source « Nos Poètes », Librairie Alphonse Lemerre, 23-33 passage Choiseul, Paris, 1926
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