Matin naïf

Le matin est naïf, gai confidentiel ;
Il a l’air amusé, le nez qui se retrousse,
Il pose un pied léger au bord chantant du ciel,
Et rit d’un rire clair en courant sur la mousse.

Il ne sait rien du monde, il n’a jamais pleuré ;
Il est neuf et si frais en sa douce jeunesse
Qu’il rajeunit le Temps, les êtres délabrés,
Et qu’il faut qu’à sa voix toute chose renaisse.

On se sent une autre âme, on regarde, on revit ;
On croirait au bonheur, nos yeux voient, nos cœurs battent,
Et la candeur du jour, comme un enfant ravi,
Prend notre main calleuse en sa main délicate.

Marguerite de Broglie
Source : Princesse Marguerite de Broglie « Dialogues du vent et du soleil », Albert Messein, Éditeur, Paris 1939

Peinture jointe est de Marguerite de Broglie