Petit matin blond
Bien souvent, le matin, quand le soleil est clair,
Je vais vers la prairie où l’herbe est si candide ;
Je parle à l’aubépine, au doux trèfle timide
Je parle aux boutons d’or, je parle à l’univers.
Je fais signe à chacun, aux amandiers qui dansent,
Des roses dans les bras, autour des cyprès noirs ;
Au petit chemin blanc qui s’en va sans savoir
Combien le printemps blond a de tendre indulgence.
Je salue au passage, en les reconnaissant,
Le tapis de soleil qui s’étend sur la plaine,
Une odeur de gazon, de brebis, ou de laine,
Le grand silence bleu du calme bruissant.
Je souris au chant frais des mésanges volages,
Je souris au rameau qui frôle mes cheveux,
Et quand, près d’humbles fleurs, je m’agenouille un peu,
Je baise avec amour leur cher petit visage.
Source : Princesse Marguerite de Broglie « Dialogues du vent et du soleil », Albert Messein, Éditeur, Paris 1939