En octobre
En octobre, les jours qui suivent les vendanges,
Lorsque le ciel est clair, et qu’il fait du soleil,
Ont un charme secret et des douceurs étranges.
Le paysage rêve et la terre a sommeil ;
Et toute la beauté dont ce moment se pare,
On sent qu’elle est fragile, un peu souffrante, et rare.
L’air est fait d’un cristal fluide qu’on croit voir.
L’horizon délicat tremble dans les buées,
Et dès l’après-midi l’on sent déjà le soir.
Car le soleil a des lueurs atténuées ;
Il paraît très lointain et, sous ses pâles feux,
Les arbres ont toujours beaucoup d’ombre autour d’eux.
..
Par les terres l’on voit, en blancheurs indécises,
Cheminer sous le joug des couples de bœufs lourds
Et fumer doucement le toit des maisons grises.
L’air n’est ému d’aucun souffle. Le vent attend …
Et tel est le silence où l’heure se recueille
Qu’à travers la campagne anxieuse on entend,
Parfois, le bruit que fait la chute d’une feuille.
Louis Mercier