J’ai dans mon cœur un oiseau bleu,
Une charmante créature,
Si mignonne que sa ceinture
N’a pas l’épaisseur d’un cheveu.
Il lui faut du sang pour pâture.
Bien longtemps, je me fis un jeu
De lui donner sa nourriture :
Les petits oiseaux mangent peu.
Mais, sans en rien laisser paraître,
Dans mon cœur il a fait, le traître,
Un trou large comma la main,
Et son bec, fin comme une lame,
En continuant son chemin,
M’est entré jusqu’au fond de l’âme.
Tableau de Berthe Morisot « Petite fille à l’oiseau »
Dans ton beau roman pastoral
Avec tes moutons pêle-mêle,
Sur un ton bien doux, bien moral
Berger, bergère, auteur, tout bêle.
Puis berger, auteur, lecteur, chien,
S’endorment de moutonnerie.
Pour réveiller ta bergerie,
Oh ! qu’un petit loup viendrait bien !
Pauvre en amour ? Quelle calamité !
C’est bien pire qu’une invasion de poux.
Mieux vaut aimer sans réciprocité
Plutôt que de ne pas aimer du tout.
Barbara Botton