Puisque tes jours ne t’ont laissé
Qu’un peu de cendre dans la bouche,
Avant qu’on ne tende la couche
Où ton cœur dorme, enfin glacé,
Retourne, comme au temps passé,
Cueillir, près de la dune instable,
Le lys qu’y courbe un souffle amer,
– Et grave ces mots sur le sable :
Le rêve de l’homme est semblable
Aux illusions de la mer.
Paul-Jean Toulet
Le vent hurle, et dans sa monstrueuse colère
Jusqu’au lugubre ciel soulève les flots noirs.
Pas un astre. Ma vie aux amples désespoirs
Erre sans gouvernail, lamentable galère.
Tu parais ; l’ouragan suspend son large cri :
Tu parles, et ta voix douce et lente l’apaise,
Et la mer, en chantant, caresse la falaise,
Et mon rêve au soleil est un vaisseau fleuri.
Tristan Derème
« La verdure dorée », Éditions Émile-Paul Frères, 1925
illustration : tableau de Rafal Olbinski
La vie coule à la mort comme un fleuve à la mer,
Car il est doux de vivre et mourir est amer.
John Owen