J’ai dans mon cœur un oiseau bleu,
Une charmante créature,
Si mignonne que sa ceinture
N’a pas l’épaisseur d’un cheveu.[..]
Le soir au coin du feu, j’ai pensé bien des fois
À la mort d’un oiseau, quelque part, dans les bois.
Pendant les tristes jours de l’hiver monotone,
Les pauvres nids déserts, les nids qu’on abandonne,
Se balancent au vent sous un ciel gris de fer.
Oh ! comme les oiseaux doivent mourir l’hiver ![..]
Comme la peinture ne fait pas un tableau
la nature ne fait pas un oiseau,
le mensonge ne fait pas un Pierre qui ment,
la folie ne fait pas un Pierrot dément,
la cupidité ne fait pas un homme cupide,
l’insipidité ne fait pas un livre insipide.
Ah ! si mon cœur avait des ailes
Il saurait, cet oiseau de feu,
Se poser près de ton oreille
Pour chanter comme un amoureux.[…]
Il me souvient d’un jour que l’oiseau gazouillait
Derrière un contrevent par où filtrait l’aurore.
Je rêvais sur ton sein et j’y rêvait d’œillet,
Dans un sommeil profond et cependant sonore.[..]