Aujourd’hui, ces cérémonies ont quelque chose de dément,
fêtées avec le pays qui relance la course aux armements.
Barbara Botton
Il ne faut pas tout le temps le bon champ labourer,
Il faut que reposer quelquefois on le laisse
Car quand le champ se repose et qu’on l’engraisse
On en peut, puis après, double fruit retirer.
Laissez donc votre peuple en ce point respirer
Et faites cesser les charges qui le pressent
Afin qu’il prenne haleine et s’allège et redresse
Pour mieux, une autre fois, ces charges endurer.
Ce qu’on doit à César, Sire, il faut le lui rendre.
Mais plus qu’on ne lui doit, il ne faut pas lui prendre.
Veuillez donc désormais au peuple retrancher
Ce que plus qu’il ne doit sur son dos il supporte
Et ne permettez plus qu’on le mange de la sorte
Car, Sire, il faut le tondre et non pas écorcher.
Olivier de Magny
(1ère moitié du XVIème siècle)
Ô mon amour, je tiens parmi les hommes
Ton nom sellé mais ne chante que toi
Comme sous l’herbe une source chatoie
Que sans jamais te nommer je ne nomme
Que toi en tout ce qui tient nom de moi
Rends-moi présent que je cesse d’attendre
Ce qui m’entoure en attente de moi
Donne à mon œil d’être humble envers mes doigts
Pour que je prenne ici, au lieu de tendre
Filet troué, le regard au-delà
Que de mes mains je modèle un langage
Souffle pétri qui m’engouffre et m’accroît
Plus s’ouvre un cœur plus il est à l’étroit
Ainsi du monde où lève ton image
Qui le nourrit en l’affamant de toi
Pierre Emmanuel
Ces morts, ces simples morts sont tout notre héritage
leurs pauvres corps sanglants resteront indivis.
Nous ne laisserons pas en friche leur image
les vergers fleuriront sur les prés reverdis …
Que ces printemps leur soient plus doux qu’on ne peut dire
pleins d’oiseaux, de chansons et d’enfants par chemins.
Et comme une forêt autour d’eux qui soupire
qu’un grand peuple à mi-voix prie en levant les mains.
Je chante et fais semblant
Mais mes yeux pleurent ;
Nul ne connaît le tourment
Qu’endure mon cœur.
Si je cache ma douleur
C’est que nul n’en a pitié ;
Plus on fait montre de pleurs
Moins on trouve l’amitié.
…..
Je ne veux point montrer
La vérité de mon âme,
Et si possible, au grand dam
Dans un geste indolent,
Je chante et fais semblant.
Christine de Pisan
(interprété par l’auteur du site, Barbara Botton)
Texte d’origine :
Je chante par couverture Mais mieulx plourassent mi œil, Pour ce muce ma doulour Pour ce plainte ne murmure Petit porte de valour Si n’ay de demonstrer cure |