Barbara Botton
Mon âme sur ma lèvre était lors toute entière
Pour savourer le miel qui sur la vôtre était.
Mais, en me retirant, elle resta derrière
Tant de ce doux plaisir l’amorce l’arrêtait.
S’égarant de ma bouche, elle entra dans la vôtre,
Ivre de ce nectar qui charmait ma raison ;
Et sans doute elle prit une porte pour l’autre
Ne se souvenant plus quelle était sa maison.
Mes pleurs n’ont pu depuis fléchir cette infidèle
À quitter un séjour qu’elle trouva si doux ;
Et je suis en langueur, sans repos et sans elle,
Et sans moi-même aussi, lorsque je suis sans vous.
Vincent Voiture
Source : « L’Amour parle », Claude Roy, Le Club Français du Livre, Paris, 1963
J’appartiens au silence
à l’ombre de ma voix
Aux murs nus de la Foi
au pain dur de la France
J’appartiens au retour
à la porte fermée
Qui frappe dans la cour
qui fredonne la paix ?
L’aube nourrit la terre
à la source du feu
J’appartiens au ciel bleu
qui souffre sur la pierre
Jean Cayrol
Source : « Poèmes d’aujourd’hui pour les enfants de maintenant », Jacques Charpentreau, Les Éditions Ouvrières, 1972
Barbara Botton