Lorsque chacun des dieux prit un arbre en partage,
Alcide, nous dit-on, choisit le peuplier ;
Le lierre, pour Bacchus, déploya son feuillage,
Apollon sourit au laurier.
De la céleste cour le monarque suprême
Au chêne décerna l’empire des forêts.
Minerve à l’olivier dit : » Tu seras l’emblème
De l’abondance et de la paix« .
J’ai dans mon cœur un oiseau bleu,
Une charmante créature,
Si mignonne que sa ceinture
N’a pas l’épaisseur d’un cheveu.
Il lui faut du sang pour pâture.
Bien longtemps, je me fis un jeu
De lui donner sa nourriture :
Les petits oiseaux mangent peu.
Mais, sans en rien laisser paraître,
Dans mon cœur il a fait, le traître,
Un trou large comma la main,
Et son bec, fin comme une lame,
En continuant son chemin,
M’est entré jusqu’au fond de l’âme.
Tableau de Berthe Morisot « Petite fille à l’oiseau »
Barbara Botton