Est-ce vous que j’ai tant aimée
Et qu’à présent j’aime si peu ?
Se peut-il que d’un si grand feu
Il ne reste point de fumée ?
François de Maucroix
Ma patrie est comme une barque
Qu’abandonnèrent ses haleurs
Et je ressemble à ce monarque
Plus malheureux que le malheur
Qui restait roi de ses douleurs.
[..]
Que le soleil meure ou renaisse
Le ciel a perdu ses couleurs
Tendre Paris de ma jeunesse
Adieu printemps du Quai-aux-Fleurs
Je reste roi de mes douleurs.
(extrait du poème « Richard II quarante »)
Louis Aragon
Vous qui m’aiderez dans mon agonie,
Ne me dites rien ;
Faites que j’entende un peu d’harmonie,
Et je mourrai bien.
La musique apaise, enchante et délie
Des choses d’en bas ;
Bercez ma douleur ; je vous en supplie,
Ne lui parlez pas.
Je suis las des mots, je suis las d’entendre
Ce qui peut mentir ;
J’aime mieux les sons qu’au lieu de comprendre
Je n’ai qu’à sentir :
Une mélodie où l’âme se plonge
Et qui, sans effort,
Me fera passer du délire au songe,
Du songe à la mort.
(fragment)
Sully Prudhomme