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Les champs sont rajeunis, l’air embaume et flamboie
Et l’on sent respirer l’amour dans l’univers ;
Mais les hommes n’ont pas le temps d’être à la joie,
Car tout entiers déjà la terre âpre les veut.
Les blés ne sont pas nés qu’ils doivent les défendre
De la nielle perfide et du chardon hargneux ;
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(Extrait du poème « Les fenêtres » du recueil « Le poème de la maison » ;
Éditions & Imprimeries du Sud-Est, Lyon, 1951)
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Les doux gardénias et les roses, dans l’air,
Balancent leurs parfums : vois la belle soirée !
La lune, sur ton sein, du haut de l’empyrée,
Épanche en blancs rayons son rire frais et clair.
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Gardénias dont les calices
Laissent leurs lascives odeurs
Glisser dans l’âme les délices
Des voluptueuses ardeurs ;
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Maurice Olivaint
(extrait de « Sonnet » et de « Paysage tahitien »)
Sur les vierges feuillets où mes vers vont éclore
Chaque matin je pose un feuillage ou des fleurs ;
Ils y versent un peu des larmes de l’aurore
Afin d’atténuer l’amertume des pleurs.
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Une odeur de verveine en sa trame insufflée
Ou le parfum vivace et poivré de l’œillet,
Y rencontre l’adieu de l’humble giroflée
Qui baise en se brisant la main qui la cueillait.
Au myosotis bleu qui mire dans les sources
Ses constellations de fleurettes d’azur,
Il emprunte la voix cristalline des courses
Que font sur les cailloux les ondes au coeur pur.
Aux pruniers il a pris leur âme japonaise,
Aux hortensias bleus leur pâle étrangeté ;
Aux tulipes leur pourpre, aux tournesols leur braise ;
Aux iris leur tristesses ; aux roses leur gaité.
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(Extrait de « Enfleurage », choix de quatre quatrains sur neuf)
Robert de Montesquiou