J’ai une montre en métal
qu’aucune autre n’égale.
Elle se hâte en languissant,
son cœur bat, persévérant.
Ses aiguilles et le temps
sont en conflit constant.
Elle marche, je tarde peu ou prou,
elle s’arrête et moi, je m’en fous.
Je l’observe sans énervement
avancer ou retarder indolemment !
Je tiens à ma montre, elle passe son temps
à me tromper si bien sur le temps …
choisi et interprété par l’auteur du site, Barbara Botton
Cette traduction originale, due à Barbara Botton, relève du droit de la propriété intellectuelle.
Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.
source : « La Poésie Arabe, des origines à nos jours », René R. Khawam, Éditions PHÉBUS, 1995
Ceux qui ne m’aiment pas ne me connaissent pas,
Il leur importe peu que je meure ou je vive,
Et je me sens petite au monde, si furtive !…
Mais de mon propre vin je m’enivre tout bas ;
Je m’aime et me connais. Je suis avec mon âge
De force et de clarté, comme avec un amant.
Le vent doux des jardins me flatte le visage :
Je me sens immortelle, indubitablement ».
Lucy Delarue-Mardrus
photographie de Lucy Delarue-Mardrus
La frontière dit sa raison,
Les frontières m’importent ;
Comment vivre dans la maison
sans fenêtres ni portes ?
Barbara Botton
Tes deux yeux bruns, les flambeaux de ma vie
Dessus les miens répandent leur clarté,
Font esclave ma jeune liberté
Pour la condamner en prison à vie.
Par ces yeux bruns ma raison fut ravie,
Et quelque part l’Amour m’a arrêté
Je ne sais voir ailleurs autre beauté
Tant ils sont seuls mon bien et mon envie.
Pierre de Ronsard
Source : « Les Amours » de Ronsard ; texte établi, présenté, annoté par Albert-Marie Schmidt, éditions Gallimard, 1964
fragment du tableau de Caravage « Sainte Catherine d’Alexandrie »