Justice dont on parle comme
Si l’on ne connaissait que toi,
Oh ! combien des lois pour un homme !
Combien d’hommes pour une loi !
Albert Mérat
« Quelques pages avant le livre, Épigrammes » Alphonse Lemerre, Éditeur,1904
Était-ce sa jeunesse, était-ce le printemps ?
Était-ce son œil pur et doux avec finesse ?
Était-ce le concert des bois verts et chantants ?
Était-ce printemps, était-ce sa jeunesse ?
Je devins amoureux de ses quinze ou seize ans,
Et je la dominais, fort de mon droit d’aînesse ;
Mais comme je trouvais ses caprices charmants,
Je crois bien que c’est eux qui me tenaient en laisse.
Albert Mérat
(extrait du sonnet)
Source : « Vers oubliés », Alphonse Lemerre Éditeur, 1902
Affiche de Rafal Olbinski
Le vent hurle, et dans sa monstrueuse colère
Jusqu’au lugubre ciel soulève les flots noirs.
Pas un astre. Ma vie aux amples désespoirs
Erre sans gouvernail, lamentable galère.
Tu parais ; l’ouragan suspend son large cri :
Tu parles, et ta voix douce et lente l’apaise,
Et la mer, en chantant, caresse la falaise,
Et mon rêve au soleil est un vaisseau fleuri.
Tristan Derème
« La verdure dorée », Éditions Émile-Paul Frères, 1925
illustration : tableau de Rafal Olbinski
…
Déjà la vie est long sommeil
Sous les pommiers au bois dormant,
Et ses songes font dire à l’homme
Qu’il ne dort pas. Nous crûmes vivre,
Éternité ! Heureusement
Que de toi la mort nous délivre.
Raymond Radiguet
(extrait)
Source : « Ouvres complètes » de Raymond Radiguet, Éditions Grasset & Fasquelle, 2023
Quand tout se mélange et tout se vaut,
nous allons tout droit vers le chaos.
Barbara Botton