Dans les prés pleins de scabieuses
Sous un ciel pâle et sans éclat,
Mon âme autrefois plus rieuse
Apprend à sourire tout bas.
Elle apprend à taire sa peine
Et sa robe couleur du temps
Est un nuage qui se traîne
Et se mire dans les étangs.
Cécile Sauvage
Source : « Ouvres complètes », Éditions de la Table Ronde, 2002
Va, mon âme, promène-toi
Dans la nuit verte des ramures,
Nul n’écoutera mieux ta voix
Que le silence de la nature,
Nul ne pleurera mieux sur toi
Que le murmure du feuillage
Et que les larmes de l’orage
Qui s’égoutte aux branches des bois.
Cécile Sauvage
Source : « Ouvres complètes », Éditions de la Table Ronde, 2002
Dieu aime les hommes souffrants,
c’est pourquoi nous souffrons autant.
Barbara Botton
Avant d’être plumé, près du fourneau joyeux,
Vois-tu, je suis d’abord un repas pour tes yeux.
Comme sur les forêts, novembre est sur mon aile,
Chaque plume à mon col imite une prunelle,
Et riche, et roux et bleus, sur la table laissé,
Je suis très beau ; j’ai l’air de l’automne blessé.
Avant qu’à la cuisine obscure tu m’emportes,
J’ai l’air d’un seigneur mort vêtu de feuilles mortes.
Abal Bonnard