Si tu me consumes de tout ton zèle,
Mon âme va s’enfuir, Éros,
Car, sais-tu, comme toi, elle a des ailes.
Méléagre de Gadara
Comme du chèvrefeuille était
Qui au coudrier s’attachait :
Quand il s’est enlacé et pris
Et tout autour du fût s’est mis,
Ensemble ils peuvent bien durer,
Mais qu’on vienne à les séparer,
Le coudrier mourra bientôt
Et le chèvrefeuille aussitôt.
« Belle amie, ainsi est de nous :
Ni vous sans moi, ni moi sans vous ! » …
Marie de France
Extrait du Lai du Chèvrefeuille.
J’étais à toi peut-être avant de t’avoir vu.
Ma vie, en se formant, fut promise à la tienne,
Ton nom m’en avertit par un trouble imprévu,
Ton âme s’y cachait pour éveiller la mienne.
Je l’entendis un jour et je perdis la voix,
Je l’écoutai longtemps, j’oubliai de répondre.
Mon être avec le tien venait de se confondre,
Je crus qu’on m’appelait pour la première fois.
Marceline Desbordes-Valmore
Quand je me sens mourir du poids de ma pensée,
Quand sur moi tout mon sort assemble sa rigueur,
D’un courage inutile affranchie et lassée,
Je me sauve avec toi dans le fond de mon cœur !
Je ne sais ; mais je crois qu’à tes regrets rendue,
Dans ces seuls entretiens tu m’as bien entendue.
Tu ne dis pas : « Ce soir ! » Tu ne dis pas : « Demain ! »
Non ! mais tu dis : « Toujours ! » en pleurant sur ma main…
Marceline Desbordes-Valmore
Contre Job, autrefois, le démon révolté
Lui ravit ses enfants, ses biens et sa santé,
Mais pour mieux l’éprouver et déchirer son âme
Savez-vous ce qu’il fît ? Il lui laissa sa femme.
Madeleine de Scudéry