Le progrès de l’Absolu, de l’Esprit
justifie de sacrifier, sur le bûcher, nos vies.
Henri Heine s’y oppose quand il écrit :
« Sortons de Hegel et de sa porcherie ».
Barbara Botton
Jeune fille comme un bouleau
Sur le ciel de ma jeunesse,
Mon souvenir comme un halo
T’auréole de tendresse.
Blanc bouleau vert, et chevelu
De brise, et comme un mirage,
Comme un amant qui n’aime plus
J’aime encore ta svelte image.
Et c’est comme un mouvant remords,
Jeune fille végétale,
Quand, comme si j’aimais encore,
Je t’aime en un bouleau pâle.
Marcel Thiry
Source : Marcel Thiry « Poésie », Éditions Universitaires, Paris, 1957
O brise du Sud, viens boire la neige,
Nous sommes repus de gel et de vent,
Un doux pissenlit a tiré de terre
Un petit soleil tout en or vibrant.
O brise du Sud, viens boire la neige,
Nous sommes repus de froid et de pluie,
Une pâquerette a tiré de terre
Un petit soleil frangé de sang vif.
O brise du Sud, qu’Amour te protège,
Nous avons tous faim et soif d’être heureux ;
Chaque œil de bourgeon épie, tout peureux,
Ton souffle d’azur qui boira la neige.
Louisa Paulin
Jamais le désir des richesses
Ne troublera mes sentiments ;
La nature et les éléments
Me feront assez de largesses ;
L’or éclatant dont le soleil
Vient couronner à son réveil
Le front orgueilleux des montagnes,
Et l’argent pur qui va coulant
Sur l’émail fleuri des campagnes,
Me rendent assez opulent.
Tristan L’Hermite
Source : « Trésor de la poésie française », Société Universitaire d’Éditions et de Librairie (S.U.D.E.L.), Paris, 1952